Régularité, tristesse et funambules.

 

J’ai compris que dans ma façon d’être, il est difficile d’en faire preuve.

«  Sois plus régulière ! « «  Anticipe ! «  comme un leitmotiv qui me trotte dans la tête …

 

La régularité, comme solution salvatrice de bugs intempestifs qui m’empêchent parfois d’Etre « dans les clous » « prête » ou « ponctuelle » 

Le côté procédurier ( qui m’emmerde profondément) est un frein à la spontanéité et à la créativité.

 

Quand une idée est dans l’air, je me dois de l’attraper à l’instant T et agir de suite !

Sinon elle finira avec les tonnes de projets fourrés dans le tiroir frustration !

 

Tu sais le petit tiroir où tu mets tous les trucs que tu veux garder, que tu veux faire, mais que tu sais pas où les ranger.

 

Je me suis demandé d’où venait cette aversion pour ce mot «  R.E.G.U.L.A.R.I.T.É »

 

J’ai donc ouvert le dictionnaire et voilà ce que j’ai découvert :

 

Régularité :

Synonyme : Ponctualité – Conforme ( Aaaaaouch ) 

Étymologie : Regula – Régle ( Aaah ça je connais ! Mais on en reparlera…. ???? )

 

Définition 1 : Conforme aux règles conventionnelles.

Là ça y est mon cœur s’emballe, une ligne de plus et c’est la tachycardie assurée !

 

Définition 2 : Déclinaisons ordinaires.

 

Quoi ? ! Toi même en fait !

 

J’ai r’fermé le dictionnaire direct ! Cela a résonné en moi comme une insulte.

D’ailleurs la prochaine fois que quelqu’un m’emmerde, je le traiterai de déclinaison ordinaire !

 

J’ai tout de même risqué la suite, mais seulement d’un œil …

Je cite : «  Renfermé dans les règles et justes limites.

Justes ? Ah ouais ? Et selon quels critères siouplé ? 

 

J’aimerais connaître le nom du vil personnage qui décrète ce qui est juste ou non.

 

 

C’est quelque chose qu’on souligne depuis toujours chez moi, à commencer par l’école. Écrit au rouge incisif sur mon bulletin, on pouvait apprécier les remarques follement instructives des professeurs :

«  Manque de régularité «  «  Présence irrégulière en classe « «  Un travail régulier serait apprécié «  

Par contre ce qui était bien régulier, c’étaient ces remarques trimestre, après trimestre, sans aucune intention de m’extirper d’un malaise profond de ne pas être à ma place.

 

Peut être aurais-je même aimé un cours sur le concept de la régularité et ses bienfaits … 

 

 

Qu’on m’explique l’intérêt concrètement, en quoi cela est mieux d’en faire preuve, il y aurait alors une discussion passionnante, d’autant plus que personne  n’aurait raison ???? 

 

Alors je me suis renseignée et j’ai observé :

               ?             Les battements de mon cœur semblent réguliers mais ils ne sont pas pour autant linéaires  ( sinon ça voudrait dire que j’suis morte et ce serait inquiétant). Ils s’accélèrent lorsque j’ai peur ou quand je cours. Ils s’emballent lorsque je rencontre quelqu’un qui vibre sur la même corde que moi pour doucement se mettre à battre la mesure à l’unisson.

 

               ?             La corolle des fleurs de Capucine est irrégulière, elle aussi. Pt’êt qu’en fait j’suis une fleur ! une fleur sauvage dirait mon amie  Manue  ! D’ailleurs si vous avez l’occasion de goûter ses pétales,  ( des capucines hein pas de Manue, je sais bien qu’elle lave ses cheveux avec de la poudre d’Iris et un tas d’bordel provenant d’aroma zone mais je ne pense pas que cela aitl’effet escompté dans une salade ) 

               ?             Les fractales, dont notre univers est composé, sont-elles mêmes irrégulières. Les règles de ces dernières peuvent même être Stochastiques ! ( T’emballe pas, ce mot je viens aussi de l’apprendre ????) C’est ce qui se produit par l’effet du hasard ! Une fractale,  même si elle est répétée … à l’infini ? est par définition irrégulière et nous en somme composés ! Nous et toutes nos couches : externe comme l’aura et interne : nos vaisseaux sanguins. 

 

 

Le paradoxe est de taille !

Dans ce monde on nous demande d’être constant et linéaire … histoire de pas faire trop tanguer l’bordel …

 

«  Mais la vie c’est 99% de routine ! «  m’a-t-on dit un jour, pour faire taire j’imagine mes idées saugrenues d’alternatives libertaires. Je comprends maintenant que remettre ses propres croyances en question est difficile et laborieux, à commencer par celles qui sont ancrées en moi.

 

Alors bien sûr, il y’a des « contraintes » , des «  impératifs «  , mais la vie n’est pas un calendrier ni un rétro planning d’envies oubliées. Encore moins un compte à rebours qui entraînera une mort programmée des passions et une liberté regrettée jusqu’au dernier souffle de ne pas avoir été soi-même.

 

Mes journées, non, plutôt ma vie, mon être … sont régies par un tas d’émotions avec lesquelles il faut composer. Ces ressentis sont peut être eux-mêmes composés de fractales ? 

 

Parmi ces émotions, les plus redoutables sont la peur dont découle souvent la tristesse.

Peur de ne pas y arriver, de ne pas être «  validé «  par son entourage …

 

Tristesse, je la  connais bien !

Elle débarque toujours à l’improviste alors que je suis en train de faire une vinaigrette ou croquer dans un bout de pain.

Et quand Tristesse se pointe, elle vient jamais les mains vides … Dans son panier y’a toujours un p’tit cake à la rancoeur ou un jus d’souffrance.

 

Longtemps je lui ai pas ouvert la porte parce que j’étais sur autre chose. «  Je bosse moi, merde ! « 

 

Du coup elle revient avec Colère … et là ça se passe jamais très bien.

 

 

Avec le temps, on se connaît bien. Ellen’ a pas le temps de sonner, je l’ai entendu arriver.

 

Je laisse alors ce que je fais pour l’accueillir sur le pas de la porte, elle entre sans se déchausser.( petite maline ) 

Je lui offre la place qu’elle mérite, Tristesse est souvent dénigrée et rejetée … 

Bah ouais faudrait pas perdre la face non plus, constant et régulier on te dit !

 

 

Désormais, je la prend dans mes bras et je la sers très fort. Elle aussi, elle sert très très fort en me pressant tellement qu’elle m’arrache parfois des litres d’eau salée en me chuchotant son histoire à l’oreille.

 

Je sais qu’elle se pointera toujours, mais dans son panier maintenant il y’a des cookies d’amour et des barres énergétiques.

 

Tout est mouvement… 

 

La vie est un cycle sans fin d’expérience et d’apprentissage.

 

Rien ni personne, n’est une déclinaison ordinaire  ( enfin si, ptet TF1 ), ni régulier, c’est cyclique.

 

 

La nature l’est et nous aussi, t’y crois ou pas, tout ce que je vois c’est que les arbres nous ont pas attendus pour poussser et que  ça fait X années qu’on jardine avec la lune. Alors si une carotte ou un navet  y est réceptif ( sans vouloir offenser un quelconque légume ) j’vois pas pourquoi nous non !

 

 

Une autre force cyclique et pas des moindres … les menstruations ! Mais ça, je crois que ça mérite une petite histoire à part ! 

 

Le stress, la peur, la colère …que peut engendrer mon manque de régularité finit toujours pas se transformer en une énergie transcendante ! Un savant mélange de transmutation et de résilience !

J’ouvre alors toutes mes vannes émotionnelles, l’impression que mon corps est habité par des forces dont je ne connais pas le nom et me pousse à faire des miracles sous tension d’adrénaline.

 

Accepter mon propre rythme et me servir de ces émotions ( mêmes négatives ) m’ont porté afin de réaliser des choses que je pensais inaccessibles :

 

Partir des mois en Australie à l’âge de 20 ans sans speaker un seul mot d’Anglais, ( merci Tristesse ) alors que j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps quand mes parents m’ont envoyée en colo tellement les «  autres «  me terrifiaient.

 

 

Grimper un volcan à 5800 mètres d’altitude sans préparation physique, sûrement parce qu’encore une fois j’ai pas su dire non ???? ( merci Peur-du-rejet )

La plus belle expérience visuelle de ma vie ! 

 

Partir au Japon, juste parce que j’avais vu un reportage sur une cité engloutie au large d’Okinawa sur Arte. Mais aussi pour fuir une douleur viscérale sentimentale ( Merci Culpabilité ) 

 

Enchaîner plus de 16 heures de boulot sur les marchés, dormir 2 heures et renchainer. ( merci Peur-de-ne-pas-être-à-la-hauteur)

 

J’ai l’impression de me la raconter sévère ( merci Peur-du-jugement ), mais ce ne sont que des exemples flagrants de ce dont nous sommes capable en transmutant  ces émotions et non en les combattant. En écoutant notre propre rythme et pas celui imposé par d’autres.

Il n’y a pas de façon systématique de fonctionner. 

 

La force qui nous anime on la connaît toutes et il serait bien dommage de la faire taire.

 

 

Je ne sais pas ce qu’est la cocaine, mais je crois que c’est encore plus fort ! Et on peut en sécréter tous les jours ????

Plus de fatigue, plus de peurs, les sens sont décuplés.

 

Mon but n’est pas de faire l’apologie du désordre mais ces forces viennent du chaos.

Tous les jours je marche sur un fil tel un funambule en équilibre sur le Styx des émotions.

Brrrr … ça penche à gauche !

Et quand Cerbère est à deux doigts de me croquer, il y a toujours des mains pour me rattraper.

En fait, autour de moi, il y a plein d’autres funambules qui oscillent eux aussi entre la joie et la rage, l’amour et la peur.

Un jour étincelant, l’autre en mode éclipse.

 

Entourée comme jamais sur ma corde cosmique, je n’ai plus honte de pleurer et de ne pas correspondre aux quidams et à leurs procédures régulières.

 

Je m’en bats ( Presque ???? ) profondément les attributs que je n’ai jamais eus.

 

 

Avance à ton rythme et ne te compare pas, la vie sur un fil est plus risquée que sur la terre ferme mais on apprécie plus le paysage.

 

Note à moi même : 

Aujourd’hui Tristesse s’est pointée avec Peur-de-ne-pas-être-aimée-pour-ce-que-je-suis.

Et ces moment arriveront encore, je ne les enfouis plus au fond d’un verre ni en essayant de me « re booster » afin de les contraindre.

Je les accueille et les écoute, sans culpabiliser ( enfin j’essaie ) de ne pas sortir avec ce soleil radieux, de ne pas avoir été productive, voir de ne pas vouloir quitter mon lit.

Elle fait partie de moi, au fond je crois qu’elle panse mes blessures infantiles pour créer une énergie différente et indestructible.

En la laissant s’installer parfois il me prend l’envie de raconter des histoires comme celle ci.

La respecter, c’est me respecter, je l’ai souvent blâmer de me ralentir mais elle est tout aussi nécessaire que Spontanéité et Courage.

L’une ne va pas sans les autres et elles ne sont pas en concurrence. Elles se complètent. Pour laisser place à Joie il faut que mon cœur soit léger et mon esprit Libre.